Pour ou contre la peine de mort : une question d'opinion ?

Modifié par Clemni

Infliger la peine de mort, c'est prendre la décision de supprimer un être humain. Or, être favorable ou défavorable à une telle décision n'est-ce pas prétendre répondre à une question mal posée dans la mesure où, en toute justice, la radicalité de la peine de mort ne devrait pas relever de la simple expression publique des opinions ?

Déjà, dans l'Antiquité grecque, la tragédie de Sophocle (495-406 av. J.-C.) intitulée Antigone avertissait qu'il y a dans le désir politique du bien commun et du bon gouvernement, qui sont légitimes, un indéniable risque d'excès conduisant à marcher sur la tête. Dans la tragédie, pour punir une infraction à une loi de succession, certes garante de la paix civile, on laisse se décomposer en plein jour un coupable mort, tandis qu'on enferme dans le même temps vivante au tombeau une jeune femme innocente – son seul crime étant d'avoir voulu donner une sépulture au mort laissé à l'abandon.

La justice n'a rien à voir avec la mort : elle est l'affaire des vivants, non des morts, de sorte qu'on ne saurait sans anéantir la vie politique elle-même, ni condamner à mort, ni condamner les morts – une justice qui ne connaîtrait pas de limite ne serait tout simplement pas une justice.

À débattre

Identifiez d'autres questions qui, pour des raisons métaphysiques, juridiques, morales, scientifiques, ne relèvent pas de l'expression publique des opinions.

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